Jo Van Moer : « En bonne voie pour doubler le chiffre d’affaires »

D’ici à 2020, le groupe Van Moer Logistics souhaite doubler son chiffre d’affaires pour l’amener à 200 millions €. Et elle est en bonne voie pour y arriver. Aujourd’hui déjà, elle a conclu suffisamment de contrats pour être sûre d’une croissance de 20 % en 2017. Le groupe a le vent en poupe, a déclaré son directeur Jo Van Moer au cours d’un entretien avec Truck & Business. Pour concrétiser cette ambition, Van Moer a procédé, au cours du printemps 2016, à une augmentation de capital. 7,5 millions d’euros ont été récoltés auprès de trois investisseurs externes, portant le capital à 17,7 millions. Avec ces nouveaux moyens, le chef d’entreprise entend disposer d’une base solide pour mener à bien ses plans de croissance.

Croissance organique et reprises

Doubler le chiffre d’affaires d’ici à 2020, c’est très ambitieux. Cette croissance aura-t-elle lieu par acquisitions ou de façon organique ? Jo Van Moer : Cette année, nous enregistrerons un chiffre d’affaires de 100 millions, ce qui signifie que nous voulons générer 100 millions supplémentaires d’ici à 2020. Cela se passera, pour 60 %, via des acquisitions et pour 40 % de manière organique. Nous savons d’ores et déjà que, sans la moindre acquisition, nous réaliserons en 2017 un chiffre d’affaires de 120 millions, grâce à des projets qui sont actuellement en phase finale. C’est ainsi que nous reprendrons mi-janvier les activités opérationnelles d’ECU Worldwide pour les transférer vers un de nos entrepôts de la rive gauche. Nous reprenons la gestion des activités d’entreposage et la manutention, ainsi que 65 membres du personnel. ECU peut ainsi se concentrer sur les affaires commerciales et les contacts avec les clients. Nous n’en sommes pas à notre coup d’essai. Il y a six mois, nous avons mené à bien une transaction comparable pour Rhenus. Nous avons transféré les activités opérationnelles de sa branche TCW vers un de nos entrepôts – de 56.000 m2 – dans le cadre d’un contrat sur 10 ans. Rhenus continue à assurer les contacts avec les clients, nous nous chargeons de la manutention. Existe-t-il d’autres contrats récents susceptibles de soutenir la croissance du chiffre d’affaires ? JVM : Il y a un contrat récent avec Danone pour l’eau Evian qui a débuté fin novembre. L’entrepôt de Van Moer Rail consacre 8.000 m2 à cette activité. Nous recevons, par train, de grands volumes d’eau en bouteille destinés à l’export outre-mer, nous les stockons temporairement et les chargeons dans des conteneurs. Ceci représentera un trafic annuel de plus de 6.000 conteneurs qui quitteront le port d’Anvers par bateau. Le fait que nous disposions d’un entrepôt couvert embranché fer a joué un grand rôle. Cet entrepôt compte au total 2,5 km de voies, ce qui nous permet d’accueillir des trains entiers de 600 ou 700 mètres. A l’origine, cet entrepôt de 70.000 m2 à Kallo était principalement utilisé pour l’industrie du papier, mais il peut donc convenir à d’autres secteurs, comme l’eau en bouteille. L’industrie du papier reste toutefois le client principal avec 40.000 m2. Dans ce cas aussi, notre tâche consiste à réceptionner, décharger, stocker temporairement et charger dans des conteneurs pour exportation des rouleaux de papier arrivant en train d’Autriche, de Suisse, de France, d’Allemagne et autres. Ceci inclut aussi les activités à valeur ajoutée, comme le découpage des rouleaux pour adapter les dimensions du papier aux besoins des commerçants. Après le pain noir… Par le passé, vous avez montré de l’intérêt pour la navigation intérieure. Pouvons-nous aussi nous attendre à des projets dans ce secteur ? JVM : Oui. Il y a mêmes de grands projets. Même si je dois dire que nos premiers pas dans ce secteur ont été difficiles. Il y a à peu près 5 ans, nous avons repris le terminal de conteneurs de Cargovil à Vilvorde. Nous voulions ainsi proposer une alternative au trafic routier sur l’axe Rotterdam-Anvers-Bruxelles. Mais nous avons vraiment mangé notre pain noir. Jusqu’à ce que nous concluions un contrat en 2016 avec un grand client, Caterpillar Distribution Services, qui possède son centre de distribution européen à Grimbergen. Celui-ci n’est pas touché par la décision de fermer l’usine de Gosselies. Mieux, ses activités sont en progression. Un centre flambant neuf de 68.000 m2 a été construit sur l’ex-site de DHL à 500 m du terminal conteneurs. Il accueille chaque semaine 480 conteneurs remplis de pièces de rechange, des pièces destinées à l’exportation partout dans le monde. Nous nous occupons du transport par bateau jusqu’à notre Inland Container Terminal (ICT), de la manutention et du transport jusqu’au DC, et vice versa. Chaque jour, deux barges qui nous appartiennent naviguent entre Anvers et Vilvorde : un dans chaque sens. A l’aller, la barge s’arrête chez Umicore à Hoboken pour y décharger des conteneurs. Auparavant, 7.000 conteneurs passaient chaque année par le centre-ville, mais aujourd’hui ils sont transportés par voie d’eau. Chez Umicore, nous nous appuyons sur une douzaine de personnes ‘sur site’ qui déchargent les conteneurs de déchets, les vident et les rincent. Actuellement, nous affrétons deux bateaux pour ces trafics – et un pour les déplacements courts dans le port d’Anvers – mais cette activité connaît une telle croissance que nous avons acheté notre propre bateau qui sera baptisé en janvier. Sa capacité est de 210 TEU, contre 80 pour les unités affrétées. Un autre contrat, avec Delhaize, a lui aussi connu un démarrage difficile. Qu’en est-il aujourd’hui ? JVM : Nous avons commencé la distribution pour Delhaize en 2012 via la reprise du transporteur maison Wambacq-Peeters. Cette division, baptisée aujourd’hui Van Moer Distribution, a en effet connu des débuts difficiles, surtout en raison de problèmes avec les syndicats. Mais c’est du passé. C’est désormais une belle société. Le contrat avec Delhaize s’achève en février 2017, mais nous avons d’ores et déjà conclu un accord sur trois ans qui prévoit une extension des activités. 86 tracteurs roulent déjà pour Van Moer Distribution, mais on va en ajouter 38. Et puis, depuis peu, nous roulons aussi pour Colruyt. Il s’agit pour l’instant d’un contrat d’un an à peine avec deux camions, mais avec la perspective de mobiliser à terme une vingtaine de véhicules. Une telle expansion soudaine et importante ne constitue-t-elle pas un défi avec la pénurie actuelle de chauffeurs ? JVM : Certainement. Pour Delhaize, nous roulons 6 jours sur 7 avec de nombreux tracteurs en double équipage. Cela signifie que lorsque 30 poids lourds supplémentaires arriveront, nous aurons en fait besoin de 50 chauffeurs de plus. C’est pourquoi nous avons récemment organisé des ‘job days’ à Zellik, où 250 candidats se sont présentés. Et nous avons pu engager 25 chauffeurs. Des gens du métier et d’autres. Ceux qui ont un permis C peuvent suivre une formation C+E, que nous payons.

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Rayonnement international

Combien de sites le groupe compte-t-il aujourd’hui ? JVM : Nous travaillons au départ de 14 implantations. En Belgique, il y en a sept dans le port d’Anvers dont Zwijndrecht et Kallo, Hoboken pour Umicore, Zellik pour la distribution, Vilvorde avec l’Inland Container Terminal, et Gand où nous possédons un entrepôt. En Roumanie, nous disposons de trois implantations, à Bucarest, Timisoara et Sibiu. Nous y effectuons des activités de transport et logistiques, avec 8.000 m2 d’entrepôts pour le picking et la distribution fine de pièces pour les secteurs automotive et food notamment. Entre les trois dépôts, nous travaillons en charge complète. Il manque le Brésil dans votre liste. Vous y avez pourtant lancé une activité il y a 3 ans ? JVM : Le but était effectivement de développer de nouvelles activités dans la région de Salvador, notamment pour attirer de nouveaux trafics d’acier et de papier. Mais cette société est maintenant liquidée. Mon partenaire m’a escroqué. Il ne possédait que 1 % des parts, mais est parti avec tout. Je lui ai trop fait confiance et le Brésil est loin… Une implantation aux Pays-Bas n’aurait-elle pas sa place dans cette liste ? JVM : Nous avons déjà bien étudié la question, en effet. Un dossier avait même été assez loin mais sans aller au bout. Nous restons en tout cas attentifs à des acquisitions possibles. Depuis peu, vous avez un nouveau CEO, Patrick Lecluyse. Comment cette nomination s’inscrit-elle dans la stratégie de croissance ? Une tâche spécifique lui est-elle dévolue ? JVM : Patrick va se concentrer sur les tâches opérationnelles au sein de Van Moer Logistics. Ses tâches sont donc un peu différentes de celles de son prédécesseur, Eric Noterman. Nous travaillions davantage ensemble, entre autres pour le développement de la stratégie. Mais aujourd’hui, les tâches sont séparées, de manière à pouvoir me concentrer complètement sur le commercial et la stratégie. Pour en revenir au début de notre conversation : vous voulez aussi croître par acquisitions. Y en a-t-il dans le pipe-line ? JVM : Il y a plusieurs dossiers sur mon bureau, oui. Un grand nombre de sociétés de transport sont à vendre, parfois de très belles. Ils sont hélas nombreux à renoncer. Car le secteur est devenu beaucoup plus difficile, mais aussi à cause de l’absence de descendance. Nous examinons aussi des dossiers concernant des sociétés logistiques. Il y en a plus qu’on ne le pense. Enfin : votre entreprise a démarré en 1990 et a connu un développement très important. En regardant en arrière, comment pourriez-vous résumer votre stratégie de croissance ? JVM : Très brièvement : savoir se diversifier à temps.

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Quel est le dernier livre que vous ayez lu ? Jim Collins « Good to Great » Pour qui avez-vous le plus d’admiration (en général ou dans le monde économique) ? Willy Naessens Quelle phrase ou quel slogan résume le mieux votre entreprise ? Around the world, down to earth

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