Alain et Arthur Ziegler : comme le bon vin…

La vénérable maison Ziegler connaît en 2016 une croissance supérieure à 10 %. Sans faire de bruit, mais grâce à une multitude d’initiatives et tout en menant des projets d’innovation qui améliorent son efficacité. A la barre de la société bruxelloise, on trouve toujours Arthur Ziegler et son fils Alain, bien secondés par une nouvelle génération de managers. Arthur et Alain Ziegler nous reçoivent dans la salle de réception du siège social de Ziegler, qui n’a pas changé de place depuis plus de 100 ans. Avec Arthur Ziegler, nous rencontrons le fils du fondateur de la maison, qui était lui-même le petit-fils du fondateur de Schenker. C’est dire si les gènes du transport sont profondément ancrées dans la famille…

Une croissance de 10 % en 2016

Comment se porte Ziegler en 2016 ? Arthur Ziegler : Nous sommes présents dans douze pays, et nous grandissons bien en restant une entreprise familiale. En 2015, nous avons facturé pour 1,2 milliards EUR, et nous devrions progresser de 10 % environ en 2016. Quelle est la part de cette croissance qui vient de vos reprises récentes ? Arthur Ziegler : La dernière reprise que nous ayons faite est celle de Phoenix Freight International à Basildon, au Royaume-Uni. C’était en octobre 2015. Avec 35 personnes, Phoenix contribue bien sûr à notre croissance de 2016, mais la plus grosse partie de cette croissance provient de nouveaux clients et de commandes plus importantes de la part de nos clients existants. Nous avons par exemple réalisé une très bonne opération en lançant Ziegler Logistics au début 2013 en Chine et à Hong-Kong, après avoir pris une participation dans Simba en 2007. Aujourd’hui, cet investissement fait fortement progresser nos trafics aériens vers la Chine. Comment trouvez-vous un équilibre entre les importations et les exportations avec la Chine ? Alain Ziegler : Avant, il y avait 90 % d’importations. Nous visons évidemment le 50/50, mais nous sommes actuellement à 65/35 grâce à la progression des produits pharmaceutiques et chimiques et de produits de luxe comme… des canifs suisses par exemple… Comment évolue la rentabilité de Ziegler ? Arthur Ziegler : je ne souhaite pas communiquer de chiffres, mais la rentabilité est positive et chaque métier est rentable. La dispersion des activités sur plusieurs marques est-elle toujours justifiée en 2016 ? Arthur Ziegler : Plus que jamais. C’est même le secret de notre expansion. Quand vous travaillez avec des correspondants, vous ne pouvez pas devenir le concurrent de votre correspondant. Avec nos différentes marques, nous pouvons parfois contourner cet obstacle et développer de nouveaux flux. Alain Ziegler : En plus, cela fait du réseau Ziegler un assemblage de PME qui conservent leur dynamisme.

L’IT pour réduire les frais généraux

Vous avez une carrière d’une exceptionnelle longévité. Quel est le changement le plus important que vous ayez vécu dans le transport ? Arthur Ziegler : Tout a changé. Les trafics ont changé, les formalités douanières ont changé… avant, vous pouviez payer la douane quand vous vouliez, maintenant vous n’avez plus aucun délai par exemple. Cela nous a fait perdre une source indirecte de financement. Puisque les prix de transport baissent constamment, nous devons réduire nos frais généraux constamment aussi. Chez Ziegler, cela passe par une informatisation très poussée. Sur 3000 personnes employées environ, nous en avons 92 dans notre propre service informatique qui écrit nos programmes. Alain Ziegler : Par exemple, nous avons équipé plus de 300 véhicules de notre propre flotte et de certains sous-traitants avec le nouveau système Zimob (pour ZIegler Management On Board). Outre la localisation des véhicules, il permet aux chauffeurs munis d’iPads Mini ou de tablettes d’avoir la liste détaillée mise à jour en temps réel des livraisons et enlèvements à réaliser, de prendre des photos des documents de transport émargés et des colis en cas d’éventuels litiges et d’indiquer au fur et à mesure les opérations réalisées. Toutes ces informations remontent directement dans notre système informatique CargoSwift et sont transmises en temps réel aux exploitants. Cela apporte une plus grande réactivité, permet une meilleure information des clients et une meilleure planification. Chez les clients, il n’y a plus de documents papier. Tout est signé sur tablette et ils ont accès à la preuve de livraison sur notre site web. Pour notre site Universal Express d’Alost, cela représente par exemple 1200 envois par jour. Tous les véhicules sont suivis et visibles à l’écran, ce qui est un atout supplémentaire en termes de qualité. Au retour des chauffeurs, les BL et la lettre de voiture se trouvent déjà dans le dossier virtuel et les tournées sont immédiatement clôturées. Le plan de transport et le planning se créent aussi automatiquement. Cet outil nous permet de planifier les tournées à 90 %, ce qui est tout profit pour la productivité et pour la rentabilité. Nous déployons cette technologie progressivement sur nos autres sites.

Investissements en Belgique

Quelle est aujourd’hui la position de Ziegler en Belgique ? Arthur Ziegler : Nous avons eu tout un temps une mauvaise concurrence de la part de grands groupes qui avaient plus de filiales dans le monde entier, mais je dirais que nous sommes toujours la première firme belge de transport si l’on excepte les purs ‘routiers’ que sont Essers et Jost. Alain Ziegler : Avec nos quatre sociétés Ziegler, Universal Express, Intertrans et Carga, nous avons, sans faire de bruit peut-être, développé des expertises dans des niches aussi variées que le déménagement, la logistique ADR, la logistique des motos, les vêtements sur cintres et les foires et expositions. En Belgique, nous continuons à faire évoluer nos infrastructures. Notre centre opérationnel bruxellois est maintenant situé à Canal Logistics, et au début de 2016, nous avons complètement transformé notre siège de Gand. Ce bâtiment n’était plus adapté aux volumes actuels.  Nous avons mené les travaux en deux phases. La partie arrière a cédé la place à une nouvelle zone cross-dock d’une hauteur de 6 mètres, complétée d’un auvent permettant le chargement ou le déchargement latéral de marchandises plus volumineuses. Dans le même temps, l’espace central a été aménagé en entrepôt de stockage racké d’une hauteur libre de 10 mètres. La seconde phase a porté sur la partie qui donne accès à la rue, sur le même modèle. La superficie totale dépasse désormais 5.500 m², avec 20 quais de chargement au lieu de 8 et des niveleurs automatiques. Misez-vous toujours sur les alliances pour contrer les grands groupes ? Arthur Ziegler : Oui, notamment avec Cargoline en Allemagne, mais le risque est toujours de voir des groupes comme DSV ou Kuehne + Nagel racheter les transporteurs qui font partie de ces groupements. Comment évoluent les délais de paiement ? Arthur Ziegler : Mal. Un transporteur doit avoir beaucoup plus de liquidités qu’avant. Plus les clients deviennent riches, plus ils paient tard ! 60 jours deviennent la norme. En Suisse, nous avons même dû refuser de travailler pour Novartis qui voulait nous imposer des délais de 90 jours. Nous n’allons tout de même pas jouer les banquiers pour eux ! Pour une entreprise internationale comme la vôtre, quels sont les problèmes principaux auxquels vous êtes confrontés en Belgique ? Arthur Ziegler : Il y a bien sûr les lois sociales. Aujourd’hui, il est plus intéressant pour nous de louer les services d’un tractionnaire étranger pour effectuer les relations internationales. Mais je regrette aussi la disparition de la période d’essai. C’est une erreur, et un véritable frein à l’embauche. Quand une personne ne vous convient pas, vous devez directement lui payer des indemnités de licenciement. Cela sclérose les entreprises…

Le plus grand des petits

Puisque vous êtes très présents au Royaume-Uni, comment percevez-vous les conséquences du brexit ? Alain Ziegler : Les Britanniques savant très bien protéger leurs frontières et ils ont toujours leur monnaie… S’ils réussissent à garder la livre sterling au faible niveau actuel, cela va bénéficier à leurs exportations. Je pense que nous allons conserver les droits de douane à leur niveau actuel, donc la situation n’est pas si dangereuse que ça… Etes-vous toujours le plus grand des petits ou le plus petit des grands ? Arthur Ziegler : Aujourd’hui, je dirais que nous sommes le plus grand des petits… et nous le vivons très bien. A quelle société européenne aimez-vous vous comparer ? Arthur Ziegler : A des sociétés comme Hellmann en Allemagne ou Heppner en France. Comment se présente l’avenir de Ziegler ? Arthur Ziegler : Je représente la deuxième génération de Ziegler à la tête de l’entreprise et mon fils Alain la troisième. Après ses études, ma petite fille travaille déjà à la gestion de l’ensemble, donc je dirais que nous sommes sur la bonne voie…

Interview VIP

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ? Arthur Ziegler : Je lis toujours quatre journaux par jour, mais le dernier livre, c’est ‘La Vie Est Un Voyage’ de Jacques Franck, l’ancien journaliste de La Libre Belgique (éditions Luce Wilquin, NDLR). Cela me fait dire que notre maison a aussi déjà fait un beau voyage… et qu’il n’est pas terminé. Pour quel personnage avez-vous le plus d’admiration ? Alain Ziegler : Pour monsieur Toyoda, la manière dont il a su développer une industrie au point d’être copié par les autres. Quel autre métier auriez-vous voulu exercer si vous n’aviez pas été transporteur ? Arthur Ziegler : Agriculteur. Pas éleveur, mais travailler dans les champs de blé ou de maïs par exemple. Avez-vous un regret aujourd’hui ? Arthur Ziegler : De ne plus pouvoir faire de sport. Avant, j’allais courir une heure dans le bois après ma journée de travail. J’ai aussi fait beaucoup de natation, de vélo et de ski.

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