15 % de tous les investissements au Luxembourg sont liés à l’e-commerce

Qui occupait la 2e place en 2016, derrière l’Allemagne, dans le Logistics Performance Index de la Banque Mondiale ? Ce n’était pas la Belgique. Ce n’était pas non plus les Pays-Bas. C’était le Grand-duché du Luxembourg. Comment ce petit pays – sans accès direct à la mer et enclavé entre de grands voisins – a-t-il réussi cette prouesse ?  Nous l’avons demandé à Malik Zeniti, senior manager chez Cluster for Logistics.  Malik, que représente exactement Cluster for Logistics ?  Cluster for Logistics est une organisation fondée après la crise de 2008, au sein de la Chambre de Commerce Luxembourgeoise. À ce moment-là, les milieux économiques et les autorités publiques ont compris que nous devions changer notre fusil d’épaule si nous voulions attirer de nouveaux acteurs internationaux et davantage d’investissements au Luxembourg. Cluster for Logistics est une fédération conçue par et pour des partenaires économiques existants, qui a pour but de consolider la position du Luxembourg en tant que hub logistique intercontinental européen. Nous comptons actuellement plus de 200 membres : des prestataires de services logistiques, 3PL, 4PL et des autorités publiques. WDP en fait évidemment aussi partie. (rires) Quels sont les avantages du Luxembourg en tant que hotspot logistique ?  Comme chacun le sait, nous sommes un pays plutôt petit et enclavé, contrairement à la Belgique et aux Pays-Bas. Nous n’avons pas non plus de tradition ancestrale en matière de ports fluviaux ou maritimes. Mais nous nous situons en plein centre du grand marché de consommateurs d’Europe occidentale. Nous considérons par conséquent que l’ensemble de l’Europe constitue notre marché domestique et nous sommes ouverts à tous les types de transport. Nous sommes désenclavés sur le plan multimodal : il y a la Moselle, les liaisons autoroutières vers l’Allemagne, la France et la Belgique et nous possédons le 6e plus grand aéroport de fret d’Europe. Le nouveau terminal de transbordement de Bettembourg correspond à l’état le plus récent de la technique. Nous pouvons atteindre 60 % du marché des consommateurs européens par transport routier dans les 8 heures. Nous développons par ailleurs fortement nos liaisons ferroviaires. Actuellement, une entreprise peut directement transporter par train des marchandises à partir du Luxembourg vers Anvers, la France, l’Espagne, la Turquie (via Trieste), Bâle et la Grande-Bretagne (via Zeebrugge). Quatre fois par jour, un train part en direction de la France et de la péninsule ibérique. Et à l’heure actuelle, nos autorités planchent même sur une liaison similaire avec la Chine, via la Pologne. Nous espérons ainsi, à l’avenir, diviser par deux la durée du transport maritime : 20 jours en train au lieu de 40 jours en bateau. Notez-vous également une évolution vers davantage d’e-commerce ?  Absolument. De nombreuses entreprises ont sous-estimé ce phénomène et constatent une évolution plus importante que prévue. Nous le vérifions également en termes d’investissement. Comme vous le savez, le Luxembourg est aussi un pays d’investisseurs. Nous constatons que 15 % de tous les investissements sont actuellement liés à l’e-commerce. Un chiffre qui nous a nous-mêmes surpris. Le concept et la taille des systèmes logistiques évoluent en raison de l’e-commerce, ce qui fait que l’on a besoin de plus de personnel et d’un degré accru d’automatisation. Cette évolution constitue d’ailleurs aussi un facteur expliquant la forte croissance de notre aéroport. Le fret aérien représente souvent la meilleure option possible en raison de la rapidité de livraison exigée par l’e-commerce. La superficie nécessaire pour de nouveaux développements logistiques est-elle limitée dans un pays comme le Luxembourg ? Ça peut aller. Ces dernières années, nous avons réussi à ajouter 15 hectares de terrains logistiques. Près de 10 hectares supplémentaires sont actuellement prévus, avec une possibilité de nouvelle extension de 25 hectares. Le Masterplan peut créer davantage de superficie libérée pour la logistique et les magasins. L’aéroport connaîtra également une croissance économique, ce qui nous obligera à rechercher davantage de terrains affectés à la logistique. Le développement de ce hotspot logistique est-il menacé par certaines faiblesses ou certains risques ?  Lorsque les gens pensent au Luxembourg, ils ne pensent pas d’emblée à un hotspot logistique. Mais plutôt à un hub financier. À l’avenir, cette croissance financière va par contre probablement ralentir. Ce que nous faisons, c’est sensibiliser les Luxembourgeois au fait que la logistique et la logitech, tout comme la fintech, représentent l’avenir du Luxembourg.  Les centres de données à haute vitesse de calcul remplissent par ailleurs un rôle économique de plus en plus important. Et le transport en a absolument besoin. Dans les années à venir, un projet européen axé sur les centres de données jouera un rôle essentiel au Luxembourg. La combinaison entre croissance de la population luxembourgeoise, importance accrue du développement durable et la nécessité d’extension sur le plan logistique représentera également un défi majeur. Nous allons peut-être devoir envisager de construire en hauteur. À quand le premier magasin « double pont » ? (rires)

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